Le Forum mondial des Nations Unies sur les données 2021 (UNWDF) s’est achevé mercredi 6 octobre 2021 à Berne avec l’adoption d’un pacte sur les données, destiné à promouvoir la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
Le forum a vu défiler plusieurs personnalités de haut niveau, notamment lors de la cérémonie d’ouverture. À cette occasion, notre chef de département, le Conseiller fédéral Alain Berset, a souligné la nécessité de créer une base d’information pour l’engagement politique, considérant que la pandémie menace cinquante ans de progrès en matière de développement. Il a rappelé l’importance de disposer de données fiables pour comprendre le monde et agir en conséquence, alors que le changement climatique, les migrations, les incertitudes géopolitiques et les inégalités croissantes rendent le monde plus instable.
Pour lancer le forum, deux autres interventions étaient attendues. Par message vidéo, António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a appelé à un investissement responsable dans les données, notant que les personnes doivent être autonomes et protégées. Reconnaissant l’espace politique important de l’UNWDF, il s’est réjoui du lancement de nouveaux instruments de financement et d’espaces comme le «UN Peace Security Data Hub».
Enfin, et également par vidéo, Brad Smith, président de Microsoft, a expliqué que, quel que soit le problème, les données peuvent jouer un rôle indispensable pour le résoudre. Il a présenté les principales mesures à prendre, notamment: assurer la confiance dans les données en protégeant la sécurité et la confidentialité des données; faire progresser l’ouverture des données; et élargir les possibilités de renforcement des capacités des personnes.
Trois jours intensifs de discussions
Tout au long des trois jours de sessions qui ont suivi, plusieurs thématiques clés ont été discutées lors de sept sessions plénières de haut niveau et de nombreuses sessions parallèles.
Lors d’une session de haut niveau sur le thème «Ne laisser personne pour compte», les panélistes ont souligné, entre autres, la collecte de données comme condition préalable à l’inclusion, la nécessité de fournir des résultats aux parties prenantes de haut niveau, ainsi que la responsabilisation des citoyens qui ont contribué. Les panélistes ont conclu que pour ne laisser personne pour compte, il faut: une collaboration et une coordination, un soutien financier fondé sur les besoins des communautés exclues, un renforcement des capacités des instituts nationaux de statistique, l’inclusion et l’accessibilité, et la centralisation des voix des personnes handicapées.
Une session de haut niveau sur le comptage des données et des statistiques pendant les pandémies et autres catastrophes a été l’occasion de faire un tour d’horizon sur la situation en Afrique. Manja Kargbo, du conseil municipal de Freetown, en Sierra Leone, a déclaré que la distanciation sociale et les fermetures n’étaient pas toujours applicables, précisant que sa ville a adopté des approches adaptées au niveau local, telles que la restructuration des marchés pour rationaliser le flux de visiteurs. Aidan Eyakuze, directeur exécutif de Twaweza East Africa, a déclaré que son organisation a mené des sondages téléphoniques pour évaluer la réaction des communautés face à la pandémie, ce qui a aidé les gouvernements à adapter leur communication de crise.
En outre, le «Clearinghouse for Financing Development Data» a été lancé. Il fournira des informations sur les projets existants liés aux données, les bailleurs de fonds et les bénéficiaires de l’aide. Son objectif est de faire correspondre l’offre et la demande de soutien statistique, notamment en ciblant l’aide sur les secteurs et les régions qui ont le plus besoin de données. Johannes Jütting, directeur du Partenariat statistique au service du développement au XXIe siècle (PARIS21), considère le nouveau centre d’échange d’informations financières comme une ressource pour les autres offices statistiques qui cherchent à opérer des changements similaires: «Nous espérons contribuer à développer les capacités et permettre aux services nationaux de statistique de jouer ce rôle de gestionnaire de données.»
Une conférence durable
En tant que première grande conférence de l’ONU organisée depuis mars 2020, l’UNWDF a réuni de nombreux participants. Mis au point entre partenaires suisses, son concept de durabilité a prouvé qu’il était possible d’organiser des conférences durables.
Le forum s’est distingué par une représentation équilibrée des sexes et des origines régionales parmi les personnes inscrites. Quant au taux de participation internationale, il a atteint 88% malgré la situation pandémique. La partie en présentiel à Berne a permis des échanges utiles de points de vue et de savoir-faire, tout en nouant des contacts. La partie virtuelle a élargi la participation au plus grand nombre. De plus, l’interprétation en langue des signes a encore augmenté l’accessibilité.
Le forum a aussi été l’occasion de rencontres et discussions en dehors des sessions plénières et parallèles: le Kursaal a été un lieu de conférence optimal! Et au total 6983 participants se sont joints à la conférence en ligne.
Et après?
Lors de la cérémonie de clôture, Elsa Dhuli, de l’Institut albanais de statistique, a annoncé que la quatrième édition de l’UNWDF aurait lieu à Hangzhou, en Chine, en 2023, et la cinquième à Medellín, en Colombie, en octobre 2024. Notre directeur Georges-Simon Ulrich a remis une cloche de vache traditionnelle à Jiang Xiaowei, de l’ambassade de Chine en Suisse. M. Xiaowei a déclaré qu’il se réjouissait d’être le prochain hôte du UNWDF.
