L’histoire commence en 2011. Charles Bondo Mateus a 14 ans et suit sa scolarité à Madrid. Sur le réseau social Tuenti qui fait fureur en Espagne, il découvre les photos d’un autre collégien. C’est la révélation : subjugué par les travaux de retouches sur les clichés, Charles est bien décidé à se lancer dans la photographie.
Mais à quatorze ans, l’argent de poche manque pour l’achat d’un appareil photo reflex performant. Dans l’immédiat, Charles subtilise le petit Ixus autofocus de sa sœur pour ses premiers portraits et essais avec Photoshop, faute de mieux.
Bien déterminé, il profite de ses vacances répétées chez son père en Suisse pour exercer des petits boulots et atteindre son objectif quelques années plus tard : l’achat d’un Nikon D3100 qui occupe encore ses mains aujourd’hui. Le monde du reflex numérique s’ouvre alors à lui et les nombreux tutoriels sur YouTube l’aident à progresser.
Ses projets photographiques s’organisent de manière spontanée : une balade dans Madrid avec un pote et une connaissance mannequin qui posera très naturellement dans des endroits qui invitent à l’arrêt ; un arbre fleuri qui lui tape à l’œil ; un velux qui ouvre sur le turquoise du ciel. Charles travaille la saturation des couleurs, notamment le bleu, qu’il manie audacieusement en tandem avec du jaune orangé complémentaire.
La nuit alimente également une autre démarche, celle du clair-obscur. Dans une buanderie parfaitement étanche à la lumière du jour, une lampe posée sur le carrelage effleure d’une légère lueur le visage de sa sœur. Une cabine téléphonique par temps de pluie dégage une ambiance apocalyptique. Dans ces approches également, les couleurs saturées vivifient le sujet éclairé.
Les clichés s’accumulent par centaines. Charles concilie alors passion et formation – il vient d’entamer sa troisième année d’apprentissage de médiamaticien à l’OFS – en créant son site web : www.charlesbmateus.com
On y retrouve les couleurs saturées dans les projets «The Queen Be» et «P-Magazine», alors que «Daylight and Yellow Mood» revient sur le clair-obscur.
Avant tout intéressé par l’esthétique de ses photos, Charles ne cherche pas à raconter une histoire. Pourtant, dans la série «100 Strangers Project», c’est bel et bien sa rencontre avec ces inconnus, saisis le temps d’un «clic», qui se scénarise devant nos yeux.
Le foyer -1 du bâtiment principal accueille jusqu’au printemps un aperçu de la créativité de Charles. Une dizaine de clichés repérés parmi plusieurs centaines, c’est un échantillon de son activité qu’il a dû un peu suspendre, faute de temps. Nul doute qu’il saura très vite réaménager l’espace que mérite sa passion.