Interview de Fabian Santi, LOHN
Fabian Santi est responsable méthode et informatique au sein de la section LOHN. À partir de juillet, il renforcera l’équipe de Manuela Lenk dans l’unité Innovation et architecture d’entreprise (IUA).
Le 13 mai, il était de retour au bureau suite à un engagement d’un tout autre type : sa mobilisation auprès de la protection civile dans la lutte contre le coronavirus.
Comment avez-vous été convoqué par la protection civile?
J’ai reçu un courrier en début mars me demandant de me tenir à disposition, puis une convocation environ une semaine avant mon premier engagement (du 25 au 31 mars). Puis pour ma deuxième mobilisation (du 27 avril au 12 mai), j’ai aussi été convoqué une semaine en avance.
Comment vous êtes-vous organisé avec votre travail à l’OFS?
Comme avant un départ en vacances – mais dans un délai très limité ! – en transmettant les travaux en cours à mes collègues. Par chance, cela ne tombait pas au pire moment, puisque notre enquête venait de se terminer (ndlr : Enquête suisse sur la structure des salaires, publiée le 21.04.2020).
Quels postes avez-vous occupés?
Au début, je faisais partie de l’équipe de livraison de masques sur mandat du service cantonal de la santé publique. Nous prenions la marchandise au service logistique du canton (SALI) à la rue du plan/Verger-rond pour la livrer aux EMS et cabinets de médecine et physiothérapie du littoral (dès leur réouverture le 27 avril). Leur accueil était chaleureux : ils se réjouissaient de reprendre leurs activités.
Ma deuxième mission consistait à tenir la garde aux entrées de différents EMS du canton et du site résidentiel du Devens (le centre de désintoxication de Saint-Aubin). Les visites étant interdites, il fallait surveiller les entrées et sorties des personnes agréées, comme le personnel, et gérer le flux de marchandises.
Enfin, j’ai travaillé aux urgences à l’hôpital de Pourtalès, d’abord pédiatriques puis standards. Les patients suspectés de COVID-19 étaient accueillis par la protection civile à l’entrée, annoncés aux collègues suivants par radio, escortés en ascenseur et accompagnés tout au long de leur cheminement. Notre rôle consistait à les escorter vers une salle d’attente séparée et rappeler sans cesse le respect des règles d’hygiène. Ces tâches déchargeaient le personnel infirmier qui pouvait ainsi se concentrer sur le reste de leur travail. Nous étions bien accueillis par le personnel, qui était reconnaissant dans sa surcharge.
Comment avez-vous vécu cette situation?
Depuis le début de la crise, je réfléchissais à un moyen de me rendre utile, par exemple grâce à des initiatives entre voisins.
Puis, tout à coup, c’était là : nous étions alignés comme des soldats sur la place devant la Riveraine, dans nos uniformes : j’en faisais partie ! Il y avait un côté décalé et en même temps grisant de pouvoir participer à cet effort collectif.
C’était une aventure humaine, face à des patients parfois désemparés. J’ai aussi été témoin de moments troublants, comme cette visite d’un vieux monsieur à sa femme pour la fête des mères au centre hospitalier de Landeyeux, où les étreintes leur étaient interdites.
Vous êtes-vous parfois senti en danger?
Non, j’appliquais strictement les règles d’hygiène et je portais toujours un masque, ainsi que des gants à certaines occasions. Et puis, je ne fais pas partie des personnes vulnérables, ni mon entourage proche. A part une certaine fatigue due aux horaires irréguliers (notamment aux urgences), je n’ai subi aucun désagrément.
Quel bilan tirez-vous de cette expérience?
Un bilan très positif car je me suis senti investi d’une mission extraordinaire et je contribuais à une cause importante. Les rencontres, aussi, étaient enrichissantes : comme à l’armée, des gens de tous horizons se retrouvent à la protection civile : des ramoneurs, des doctorants, des camionneurs, des poly-mécaniciens… ce mélange de profils est intéressant et crée des liens en marge de notre quotidien.