(Télé-)travail et école à domicile au temps du confinement

Interview de Mathieu Gunzinger, chef de section a. i. URD

Le 16 mars, toutes les écoles de Suisse ont fermé. Confinés, les élèves ont continué à suivre leur enseignement à domicile. Les parents ont dû rebondir et organiser leur présence à la maison pour s’assurer du bon déroulement de ces cours à distance inhabituels.
Comment jonglent-ils entre télétravail, travail à l’office, école à domicile et confinement ?
Mathieu Gunzinger, papa de trois enfants, nous donne un aperçu de son quotidien extraordinaire, alors que le confinement dure depuis un mois (interview réalisée à la mi-avril).

Le confinement dure depuis un mois, comment vous sentez-vous?
En bonne santé, c’est le principal. D’une manière générale, je ne peux pas me plaindre. Un peu comme tout le monde, l’improvisation des premiers jours a rapidement fait place à une nouvelle forme d’organisation et de routine. J’ai même été surpris de découvrir avec quelle rapidité nos enfants se sont adaptés à cette nouvelle situation, eux qui étaient plutôt habitués aux activités extérieures d’un genre agité.
Au final, la situation a rapproché nos trois enfants qui ont pour le coup développé une belle complicité et qui fonctionnent la plupart du temps comme une petite tribu en mode autonome. Après les balbutiements des premiers jours, disons que leur comportement a grandement contribué à nous faciliter les choses, à ma femme et à moi.

Vous avez trois enfants; sont-ils tous scolarisés?
Les trois sont scolarisés en Suisse allemande. Le plus jeune, qui a fêté ses six ans pendant le confinement, est encore au jardin d’enfants (2e Harmos) tandis que les deux autres, âgés de huit et dix ans, sont à l’école primaire, respectivement en 2e année (4e Harmos) et.en 4e année (6e Harmos).

Comment gérez-vous la garde de vos enfants en temps normal?
Nous avons la chance de pouvoir compter sur une dame de confiance qui s’occupe de la garde de nos enfants à notre domicile.

La fermeture des écoles, dans tout le pays, a été effective le lundi 16 mars. Simultanément, tout le personnel de l’OFS avait accès au télétravail: comment êtes-vous organisé depuis?
De ce point de vue-là non plus, je ne peux pas me plaindre. J’assure le suivi des devoirs deux demi-journées par semaine, mais je peux surtout m’appuyer sur ma femme, enseignante, qui est davantage sollicitée, ainsi que sur notre dame de confiance qui continue à assurer la garde de nos enfants deux jours par semaine.
Lorsque j’accompagne les devoirs de mes enfants, il m’est presque impossible de me consacrer à mon travail. Pour cette raison, je continue à me rendre régulièrement à l’OFS lorsque je le peux car j’y retrouve un climat plus propice.

Comment les cours sont-ils dispensés concrètement?
La maîtresse de ma fille de dix ans a opté pour une plateforme d’échange de devoirs sur Internet qu’il a d’abord fallu apprivoiser. Passé ce premier obstacle, ma fille gérait ses devoirs pratiquement seule au bout d’une semaine. Nous devons bien sûr vérifier qu’elle n’ait rien oublié et répondre à ses questions, mais ses sollicitations sont limitées.
Le suivi de notre fils de huit ans est plus compliqué à gérer. D’une part, parce que les échanges sont moins structurés – tantôt par mail, tantôt par WhatsApp ; il est même arrivé que les instructions ne nous parviennent pas! – Et d’autre part, parce qu’il ne dispose tout simplement pas encore à son âge d’une autonomie suffisante pour s’organiser seul. Un suivi étroit de ses devoirs est nécessaire, activité par activité, et une présence soutenue à ses côtés pour s’assurer qu’ils soient correctement accomplis, ce qui nécessite donc un certain investissement de notre part.
Enfin, concernant notre cadet qui est encore au jardin d’enfant et dont les échanges avec l’école se limitent à des comptines à écouter, c’est nous qui lui avons concocté un programme d’occupation personnalisé à base de LEGO à construire et de rangements de chambre pendant que ses frère et sœur travaillent.

Avez-vous changé votre organisation depuis? Atteint un équilibre?
Pendant cette période, nous avons dû comme les autres parents non seulement concilier travail et éducation à domicile, mais également accomplir un plus grand nombre de tâches ménagères. D’une manière assez naturelle, nous nous sommes réparti ces tâches équitablement en y associant également nos enfants, ce qui était nouveau pour eux. On est loin d’avoir déclenché une vague d’enthousiasme et d’avoir suscité de nouvelles vocations chez eux mais je ne désespère pas.

Quelles sont les difficultés? Y a-t-il également des côtés positifs à cette organisation mixte professionnelle et familiale?
Les principales difficultés pour moi sont de pouvoir travailler de manière ininterrompue en restant concentré malgré les sollicitations de mes enfants. Sinon, je dois reconnaitre qu’il y a plusieurs aspects positifs à l’expérience actuelle. Je bénéficie par exemple d’une plus grande souplesse dans l’organisation de mon propre travail en choisissant mes plages horaires de travail, j’ai l’occasion de m’intéresser de plus près aux activités scolaires de mes enfants, et je ne parle pas des compétences acquises par ma compagne qui a dû en un week-end composer les cours pour ses propres classes en se formant seule à l’enseignement à distance au moyen de tutos disponibles sur Internet.
Au final, en l’absence de divertissements extérieurs, nous avons également introduit un certain nombre de rituels récréatifs en fin d’après-midi qui sont attendus avec impatience par nos enfants pour ponctuer nos journées de travail. Cela dit, cette situation est gérable à court terme car le programme d’études à domicile étant composé de répétitions, il ne remplace en aucun cas la présence d’un maître qui interagit avec ses élèves et les initie à de nouvelles matières.

Avec le recul, y a-t-il des choses que vous feriez différemment?
Avec le temps, on constatera certainement que d’autres équilibres auraient été possibles voire préférables dans la répartition des tâches mais comme ma femme et moi ne disposons pas de famille autour de nous pour nous soutenir dans la garde des enfants, nos actions ont été dictées par l’urgence de la situation et l’absence de choix.

De quoi vous réjouissez-vous le plus pour les prochaines semaines?
Du plaisir de se retrouver en famille, entre amis, de profiter des terrasses, des terrains de sport… et même d’accompagner mes fils aux matchs de foot le samedi matin…. Le confinement fait décidément ressortir les petits plaisirs du quotidien qu’on ne soupçonnait pas ;-)

Le télétravail n’est pas de tout repos pour Mathieu Gunzinger! – © Mathieu Gunzinger / OFS

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